Une histoire vraie... et des questions

Mais qu'est-ce qu'un lapin en peluche  vient faire dans cette histoire ?

Sur mon bureau...

J'ai pris plaisir à rassembler, au fil de mes mois de recherches, une petite collection de ces "goodies" d'un autre temps, parfois très laids, dénichés aux quatre coins de Paris.  Encore récemment, on m'a donné une énorme bague lumineuse en plastique blanche et rouge aux initiales "JYJ", du plus mauvais effet - je vous fais grâce de la photo (même si je la garde précieusement !). 

Ces goodies démodés sont les derniers invendus que l'on puisse encore trouver aujourd'hui. D'origine douteuse, ils sont probablement peu conformes aux concepts marketing d'origine, mais ils ont le mérite d'exister.

Goodies KPOP groupes TVXQ et JYJ

J'ai aimé avoir ces objets étranges auprès de moi, sur mon bureau, tout au long de mon écriture. Non pas pour jouer les fan girls, mais simplement pour garder à l'esprit que toute cette histoire est vraie. De vraies personnes ont vécu ces vraies vies, et les vivent encore. Ces objets en sont la trace, ils sont le souvenir de leur passage, de leur réalité. Ils m'ont mise en garde. (Comme cette photo d'amateur que j'ai commentée, voir TVXQ! à Paris). Hors de question de céder à la facilité, de faire mienne cette histoire, et de laisser courir mon imagination.

Voir aussi les enseignements du journaliste Jim Lehrer, qui m'ont largement inspirée. Jim Lehrer - Rules of Journalism En anglais. Je n'ai pas trouvé de bonne traduction.


Mais rester objectif, en matière de K-Pop... comment faire ?

Toute personne ayant déjà mis un pied dans l'univers de la K-Pop sait que l'on y "vend du rêve" à tour de bras. La K-Pop enchante, émerveille, mais travestit aisément la vérité. Combien de journalistes français se sont-ils d'ailleurs fait prendre à citer au hasard des références complaisantes... Car tout est codifié, le vrai, le faux, et à cela se rajoutent l'éloignement géographique et l'ignorance... Et cette ignorance peut déboucher sur les jugements les plus déplaisants.

Lorsque j'ai fait leur rencontre, j'ai réalisé qu'en France, la plupart des fans de K-Pop dissimulent leur passion à leur entourage, par peur du regard de l'autre..  Repérer un logo "BTS" ou "EXO" au poignet d'une inconnue dans le métro revient à reconnaitre un autre membre d'une secte dont les codes ne sont pas déchiffrables par le commun des mortels - notez qu'il n'est question ici que de musique, mais les radios européennes sont encore réticentes à la diffuser aujourd'hui,  retranchées derrière les a prioris...  

Quoi de plus simple alors que de partir dans l'invention pour expliquer à un public avide de dépaysement et de sensations ce qu'est l'existence d'individus, à l'autre bout du monde, dont ils n'ont jamais entendu parler ? Lorsque ces mêmes individus se débattent eux-mêmes dans une industrie qui fait tout pour leur imposer une image différente de ce qu'ils sont, lorsque tout est masqué, déformé, travesti et - dans le cas de l'histoire que j'ai choisie :  purement et simplement interdit pendant dix ans par la presse nationale, banni, proscrit ?

Mais ce n'était pas mon souhait que de broder et d'inventer. C'était beaucoup trop facile.  

Et d'ailleurs, ce qui m'a fasciné dans cette histoire, c'est aussi la difficulté à discerner le vrai du faux, un vrai jeu de piste, une énigme aux mille facettes. Et comme je l'ai expliqué en introduction de mon livre, il faut du temps, beaucoup de temps, pour la reconstituer.


J'aurais mieux fait de me casser une jambe plutôt que d'écrire : "ce livre n'est pas une biographie"

Finissons-en sur le sujet, qui a suscité bien des questions... Pas pour tous, bien sûr, mais pour ceux qui ne sont pas familiers de la culture K-Pop et ne s'attendaient pas à ce qu'il soit possible de réunir autant d'éléments, de détails précis, d'anecdotes, sur des personnalités publiques. L'effet peut être déroutant. Mais lorsqu'on parle de couverture médiatique d'envergure, voilà ce que cela signifie. Oui, tous ces détails se trouvent sur internet, il n'y avait rien besoin d'inventer. On peut en trouver à peu près autant sur toutes les grandes stars coréennes.

Toutefois, je peux comprendre ce sentiment d'être propulsé dans l'inconnu, et de se retrouver dans l'incapacité de vérifier si tout ceci est vrai ou non, à la merci de l'auteur, qui, comme je l'ai dit plus haut, aurait tout aussi bien pu inventer toute cette histoire. J'ai dit et redit que tout ceci était vrai, et même révélé quel épisode avait été adapté (et non inventé comme je l'ai lu !!) pour permettre de mieux en appréhender l'enjeu et le déroulement. Que puis-je faire de plus ? 

Bien sûr, on pourrait raconter cette histoire différemment. Mais ma bibliographie - synthétisée - comporte déjà plus de deux cents références...


Mais alors pourquoi avoir dit qu'il ne s'agissait pas d'une biographie, puisque le livre en reprend à peu près tous les aspects ? 

Simplement parce qu'une biographie se construit généralement avec l'accord des intéressés. Et il n'est pas possible, - et il ne sera peut-être  jamais possible - d'obtenir cet accord.

Récemment, Kim Jaejoong a expliqué dans une émission de radio la raison pour laquelle aucune révélation sur ses premières années au sein de TVXQ n'avait pu être intégrée au récent documentaire réalisé sur l'histoire de sa vie -  "On the Road", références ci-dessous

En effet, la moindre information privée à ce sujet nécessiterait l'accord des quatre autres anciens membres du groupe. Avec toutes les contraintes que cela suppose... 

Ce qui revient à dire que même les intéressés n'auraient toujours pas le droit de faire publier leur propre autobiographie si l'envie leur en prenait aujourd'hui

C'était donc à prendre ou à laisser : reconstituer l'histoire à partir de ce qui a pu être dit et révélé, ou ne rien raconter du tout. J'ai voulu relever ce défi. 

J'ai été heureuse de constater que cet hommage a suscité plus d'enthousiasme que de débats. 


Je ne peux pas nier que j'ai écrit ce récit avec affection pour tous ses personnages. Si vous les connaissez et que vous n'aimez pas Kim Jaejoong, Kim Junsu et Park Yoochun, et considérez que leurs aventures ne méritaient pas autant d'attention, alors effectivement, il vaut peut-être mieux de ne pas lire mon livre !!

Quant à la véracité des faits : jetez donc un oeil sur internet, et décidez par vous-même ! Le bannissement des chanteurs de cette histoire est levé depuis l'été 2021 - un an après la sortie de mon livre. Je vous invite à vérifier, à travers leurs différentes interviews, désormais autorisées.

Allez, mon livre vous donne les clés des principaux thèmes. Pourquoi ne pas tenter l'exercice ?               

Et un immense merci à ceux qui ont soutenu mon projet et l'ont accueilli tel qu'il est. 


Affiche film On the Road - An Artist's Journey - John H.Lee

Le documentaire "On the Road - An Artist's Journey", réalisé par John H. Lee (cinéaste coréen auteur des films "A moment to remember" et "Memories of War") est sorti en salle de cinéma au Japon en juillet 2021, puis en Corée. Il est aujourd'hui disponible sur Netflix au Japon et en Corée. Malheureusement sans sous-titres anglais. Une  transcription en anglais réalisée par des fans est disponible sur Twitter.




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Crédit images

Header  : Couverture du livre Idoles - Graphisme : Jean Berthelot Kleck - Photographie : Marianne Weller

Affiche promotionnelle documentaire On the Road - An Artist's Journey", réalisé par John H. Lee - voir détails plus haut

Footer : Collections du Musée du Quai Branly, Paris - Photographie : Marianne Weller

La couverture du livre Idoles est reproduite avec l'aimable autorisation de l'Atelier des Cahiers