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1ère partie - Etats des lieux, au 5 mai 2024, du litige opposant HYBE et Min Hee-Jin, CEO d'ADOR

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20 m

7 mai 2024

Le 25 avril 2024, suite à la très remarquée conférence de presse de Min Hee-Jin, conceptrice du groupe  féminin NewJeans, un des fleurons de HYBE, les fans s’étripent…

L’avidité du grand méchant Bang Si-Hyuk, grand patron de HYBE, première société de production de K-Pop en Corée, ne fait pas l’ombre d’un doute  – le producteur des BTS est puissant aujourd’hui, donc il est forcément devenu méchant, c’est sûr !

Pour le défier, la jeune productrice, à l’accoutrement débrayé, sans maquillage face aux caméras, clame une détresse sur-jouée face à son employeur, tentant de faire oublier qu’elle est déjà elle-même multimillionnaire…

Mais que se passe-t-il encore ?

Les protagonistes

Il y a cinq ans, Min Hee-Jin, productrice de talent, réputée autant pour son sale caractère que pour ses idées de génie, est débauchée à prix d’or de la direction créative de SM Entertainment. Trois ans plus tard, HYBE lui confie la conception et le lancement du nouveau groupe de K-Pop féminin NewJeans.

Le groupe NewJeans est lancé sous le label ADOR. C’est une filiale de HYBE créée spécialement pour elle. ADOR assure à Min Hee-Jin une certaine indépendance par rapport à HYBE le géant, et son dirigeant visionnaire, Bang Si-Hyuk, encore directeur exécutif (CEO) à cette époque.

Dans l’œil du grand public, tout semble tourner autour de l’antagonisme entre deux fortes têtes pétries d’ambition, et l’on peut se demander si l’embauche de la jeune femme n’était pas dès le départ un pari risqué. Pour renforcer sa crédibilité aujourd’hui, Min Hee-Jin n’hésite plus à faire état de son entente avec Lee Soo-man, fondateur de SM Entertainment (ex-numéro un du marché), qui lui a fait confiance pendant des années. Bang Si-Hyuk ne lui fait pas peur. 

A première vue, les querelles d’aujourd’hui semblent tourner autour d’une seule question basique : c’est qui le chef ici ? Mais ce n’est pas tout à fait cela.

Avant que d’entrer dans les détails de l’histoire, quelques précisions à l’attention des plus jeunes, car, malheureusement, une certaine confusion demeure sur les réseaux autour de la position de Min Hee-Jin.

Min Hee-Jin - carte de visite

Min Hee-Jin est certes créatrice et artiste, mais elle est aussi depuis 2022 directrice générale, CEO si vous préférez, de son propre label, ADOR, dont elle touche les dividendes en complément d’un salaire déjà astronomique (2 milliards de won, soit 1.45 million de dollars), plus élevé que celui des cadres dirigeants de HYBE eux-mêmes. Son bonus pour 2023 était également de 2 milliards de wons. Elle détient aujourd’hui 20% d’ADOR, les 80% restant appartenant à HYBE. Et si Min Hee-Jin a eu carte blanche pour mettre en œuvre ses idées au sein d’ADOR avec sa propre équipe, elle a pu bénéficier des fonds de HYBE (11,6 millions de dollars pour le lancement du groupe NewJeans), de tout le réseau du groupe, et bien entendu de sa notoriété.

Si le succès de NewJeans a été fulgurant, gardez bien en tête qu’elle a été rémunérée en conséquence de ses efforts, mais aussi qu’elle n’y serait sans doute pas parvenue aussi rapidement en dehors du groupe HYBE.

Oui, on est d’accord, le polo vert à rayures choisi pour sa conférence de presse est un peu cheap à l’écran pour la directrice générale d’une filiale de HYBE. (J'y reviendrai.)

 Non, il ne s’agit pas d’une simple salariée victimisée par son employeur, elle a quarante-quatre ans, elle est son propre patron dans sa boutique. Ce qui ne lui va pas, c’est que la boutique en question est encore à 80% détenue par HYBE ; et là, ça se complique.

HYBE

HYBE, anciennement BigHit, est le berceau du groupe BTS. Leur maison, dans tous les sens du terme. Bang Si Hyuk est leur fondateur, leur mentor, et plus encore. Est-il utile de préciser que HYBE est aujourd’hui la plus importante agence de production musicale coréenne ? Oui, car cela n’a pas toujours été le cas, et le succès des BTS est arrivé en premier, celui de HYBE ensuite.

Et les critiques n’ont pas manqué, surtout en 2019 lors de l’annonce de son introduction en bourse, premier pas d’une stratégie osée qui allait défier les pronostics. Pour les investisseurs, elle est hasardeuse : HYBE se repose alors uniquement sur les BTS, a tout juste lancé le groupe TXT… comment peut-on espérer une croissance stable avec tous ses œufs dans le même panier ? Que faire si le groupe BTS venait à disparaitre ?

Je ne retracerai pas toute l’histoire pour ceux qui la connaissent bien-sûr déjà. Le lancement d’un autre groupe, puis de deux, de trois, le rachat de nombreux labels, coréens, mais aussi étrangers, y compris américains, des concepts nouveaux, une communication transparente révolutionnaire pour ce marché, une vision internationale du public, et pour finir une croissance exponentielle qui ira jusqu’à une tentative de rachat de SM Entertainment - inimaginable dix ans auparavant. Ayant tout misé sur les BTS, la microscopique BigHit réinvestit tous les revenus qu’elle a engrangés et HYBE devient en un temps record l’entreprise la plus puissante de l’industrie musicale coréenne.  Non, vous ne rêvez pas, c’est bien HYBE qui détient aujourd’hui l’agence de management de Justin Bieber et d’Ariana Grande. Entre autres.


Sur TwitterX, les fans coréens s'amusent. 

Depuis le début du litige, les salariés de HYBE ne s'arrêtent plus et les bureaux  restent allumés  toute la nuit... 

Etat des lieux

En amont de l’affaire qui nous occupe aujourd’hui (comme diraient les avocats 😁), on a d’abord une première salve de protestations de la part de Min Hee-Jin, exprimée d’ailleurs en interne bien avant que le public en ait connaissance :

NewJeans est une réussite absolue, en deux ans à peine, personne ne peut dire le contraire, et personne ne conteste que l’intégralité du succès du groupe lui revienne.

Toutefois, Min Hee-Jin estime que les investissements de HYBE n’ont pas été à la hauteur de ses attentes (les chiffres sont pourtant là, investissement et résultats) et que son encombrante maison-mère lui a mis de nombreuses fois des bâtons dans les roues.

Notamment avec le lancement du groupe Lesserafim, quelques semaines avant NewJeans, un épisode dont HYBE s’est expliqué, mais qu’elle ne digère pas pour autant.

Elle souhaite donc désormais s’affranchir de HYBE, dont elle a même affirmé ne pas avoir besoin. HYBE devrait la remercier qu’elle les ait acceptés pour investir dans son projet, a-t-elle dit. Des propos culottés pour celle qui reste néanmoins une salariée d’entreprise, et reconnait qu’elle n’a pas eu le cran de monter sa propre maison de production, redoutant les risques financiers. 

Cela se complique un peu lorsque les journalistes lui demandent : « Souhaitez-vous quitter le groupe HYBE aujourd’hui ? » et qu’elle répond : « Non, je voudrais juste qu’ils me laissent faire mon travail. »

Car ce que souhaite Min Hee-jin, c’est de pouvoir décider à sa guise du planning de lancements des albums de NewJeans, de ses investissements, de sa communication. Elle estime que ses efforts sont brimés par la politique de Bang Si-hyuk et Park Ji-won, nouveau directeur exécutif de HYBE.

Malheureusement… si Bang Si-Hyuk lui a confié ADOR, il ne lui a tout de même pas confié la gestion du groupe HYBE, quelle surprise.

HYBE manage aujourd’hui plus de neuf groupes distincts, dont, accessoirement, le plus rentable de l’industrie (BTS) et bien d’autres encore (Lesserafim, Seventeen TXT, Enhypen… pour ne citer qu’eux). Laisser Min Hee-Jin mener son propre agenda de promotion de NewJeans  au détriment de la promotion de huit autres groupes est juste une utopie. 

 Le souci, c’est que, quels que soient les chiffres, HYBE ne tourne pas autour de NewJeans et il n’est pas question pour HYBE de défavoriser aucun autre groupe pour laisser à NewJeans la priorité.

Pour information, parmi les résultats publiés par HYBE pour l’année 2023, BigHit remporte la première place avec BTS et TXT, Pledis Entertainment la deuxième avec Seventeen. Même si les revenus d’ADOR ont triplé entre 2022 et 2023, ADOR n’arrive qu’en troisième position.Une réalité qu’elle semble avoir du mal à accepter, à en croire ses accès de nombrilisme aigu. A première vue, le succès lui est monté à la tête.

 Peut-être n’a-t-elle pas encore réalisé à qui elle a affaire, car il faut regarder aussi celui qui lui fait face. Non plus l’entreprise, mais l’individu :

 

Hitman-Bang

Bang Si-Hyuk, surnommé « Hitman-Bang » ou « Bang-PD », ancien de la JYP avant de fonder en 2005 sa propre entreprise, a de l’expérience derrière lui. A l’époque de ses débuts chez JYP, pour ceux à qui cela parle, il compose pour g.o.d., Rain, Wonder Girls… oui, il a déjà traversé les cinq générations de K-Pop. Il a révélé dans une interview avoir pour JYP sillonné les Etats-Unis à la recherche de partenariats avec des entreprises américaines dans les années 2010, pour renoncer finalement, car le marché n’était pas prêt, démontrant ses capacités à prendre toujours une longueur d’avance. Il s’implique encore directement dans la gestion de nombreux groupes aujourd’hui. Parmi ses derniers tubes retentissants : DNA, Blood, Sweat & Tears, Fake Love … si vous êtes là, forcément, ça vous parle. Serait-il parvenu aux limites de ses capacités à la direction d’une entreprise de grande envergure ? Pas du tout ! Cela parait difficile à croire mais c’est bien le même personnage qui troque la veste du musicien pour celle du business man, et continue de communiquer ouvertement au grand public sur ses visions qui restent encore aujourd’hui révolutionnaires. (L’avez-vous entendu dire récemment que la K-Pop devrait changer de nom ? Un jour, j’écrirai un autre article sur ce thème.) A l’approche de la cinquantaine, il a  toutefois décidé de se retirer de la direction exécutive du groupe qu’il a confié à Park Ji-Won, nouveau CEO, tout en restant Président de HYBE. Et puis, on peut le tourner comme on veut, mais il restera éternellement le père spirituel des BTS.

Non, il n’y a pas que Min Hee-Jin qui ait à la fois du talent et des compétences… Peut-on parler dans ses conditions de lutte pour la suprématie ? C’est en tout cas ainsi que le grand public le perçoit.

Mais à la question « Souhaiteriez-vous prendre le contrôle de HYBE ?? » Min Hee-Jin répond : « Non ». 

Et laisse tout le monde perplexe quant à ses véritables intentions…

Scandale

Malheureusement pour Min Hee-Jin, on y voit un peu plus clair depuis quelques jours.

Et l’affaire n’est pas rose. En conférence de presse, elle s’insurge contre les accusations, qui sont pourtant appuyées par des preuves tangibles.

HYBE vient de révéler des soupçons de complot contre l’entreprise, un sujet tout ce qu’il y a de plus sérieux. Depuis un certain temps, Min Hee-Jin tente par tous les moyens de prendre le contrôle total d’ADOR et de NewJeans, par des méthodes peu orthodoxes. Et elle s’est fait pincer, on peut le dire.

Le public lui cherche des excuses. Une volonté d’indépendance forcenée ? Oui, mais la question est de savoir où se situe la limite des moyens légitimement autorisés pour y parvenir.

Et lorsque le stratagème inclue de réduire à néant les revenus d’ADOR, de rompre les contrats des Newjeans, et de mettre au point une argumentation pour torpiller HYBE devant les médias, les limites de l’illégalité sont franchies.

Les documents révélés au public sont probants : le projet de prise de contrôle de Min Hee-Jin possède un nom « Projet 1945 », nom de code utilisé pour communiquer avec les quelques initiés de la direction d’ADOR avec qui elle échange sur le sujet. Le projet est chiffré, avec un calendrier d’actions à mener pour la manœuvre financière, un plan de communication et une foule de détails récupérés par HYBE lors d’une perquisition surprise – une « descente de police » comme on dit.

Elle nie tout en bloc, évidemment. Et a d’ailleurs refusé de leur donner accès à son ordinateur. Tout cela est privé, n’est-ce pas.

Dommage pour elle, les SMS « privés » détaillant les étapes des rachats d’actions sont aujourd’hui visibles sur internet.

L’opération était prévue pour 2025. 


Explications

Pour les incrédules, sur la chaîne Seoulite TV, une traduction en anglais d’un message Kakaotalk récupéré par HYBE. 

Je vous invite à commencer par le lire, pour une meilleure compréhension de quelques points un peu techniques qui vont suivre.

Ou même à faire ici une pause dans votre lecture - attention, la suite fait un peu froid dans le dos !




Lien vers la vidéo "Why she just played all of you" - Seoulite TV

Il faut être réaliste, une enquête de police ne s’ouvre pas sur une vague suspicion. Même avec une compréhension basique des marchés financiers, « ADOR becomes an empty shell » ne peut pas être au programme de HYBE, et constitue la preuve par excellence d’une action néfaste contre l’entreprise.

Mais commençons par le début :


🤔 Comment peut-on espérer atteindre un pourcentage de parts suffisant dans une entreprise pour pouvoir prendre l’ensemble des décisions en son nom ? 

Le pourcentage n’apparait pas dans le message (il est masqué dans le message d’origine en coréen), mais on devine qu’il s’agit au minimum de la majorité, donc 51%. En 2024, pour ses excellents résultats, Min Hee-Jin a pu obtenir de nouvelles parts dans la société et possède donc aujourd’hui 18% d’ADOR. Elle en a donné 2% à son adjoint. Les 80% restants sont détenus par HYBE.

Comme cela a déjà été le cas en 2024, Min Hee-jin peut espérer obtenir de HYBE que des parts supplémentaires d’ADOR lui soient cédées chaque année en contrepartie de la marge de profit réalisée. Vu les excellents résultats des ventes de NewJeans, les 51% ne sont pas si loin.

La marge réalisée par ADOR (« operating profit ») apparait en effet clairement dans le message, d’abord celle de 2023, puis un chiffre prévisionnel pour 2024, qui permettra de déterminer le nombre de parts récupérées d’ici 2025.

Comme par hasard, c’est un point de son contrat de travail que Min Hee-Jin était en train de renégocier avec Hybe, sans doute pour pouvoir acquérir plus de parts plus rapidement.


😣 Il faudra ensuite faire d’ADOR une coquille vide, c’est le point le plus épineux : rompre les contrats ; cesser d’y travailler ; mais sans être obligée de rendre les 51% reçus (sauf ces fameux 5% dont je parlerai ensuite). Comment fait-on pour vider une entreprise de sa substance ? 

En encaissant personnellement tous ses bénéfices, bien sûr. (110 milliards de wons sur une année, une jolie somme).


😨 Mais la coquille vide suppose avant tout que les NewJeans n’y soient plus, me direz-vous. 


Pas de souci, c’était prévu : en février 2024, Min Hee-Jin a demandé à Hybe une renégociation de ses pouvoirs au sein d’Ador. Elle veut désormais avoir la possibilité de gérer elle-même les contrats des artistes d’Ador. Autrement dit, la possibilité de rompre ces contrats. Quand et comment la rupture des contrats de NewJeans aurait-elle été mise en place ? L’information n’est pas publique. J’avoue que je ne suis pas sûre de comprendre la partie sur le « lawsuit for infringement of rights », mais on peut supposer qu’il s’agit d’anticiper les frais du procès que HYBE pourrait intenter contre ADOR pour avoir fait disparaitre NewJeans.

Que ceux qui voient en priorité l’intérêt des jeunes filles se représentent ce que cela signifie : l’arrêt des activités des NewJeans était déjà orchestré pour 2025. 

Toutefois, HYBE n’a pas accédé à la demande de Min Hee-Jin, qui n’a toujours pas la main sur les contrats des NewJeans aujourd’hui.


🤨 Ensuite, les investisseurs. Mais comment et pourquoi faire ?

Il s’agit d’obtenir de HYBE qu’ils cèdent leurs 49% de parts restantes. Comment ? J’avoue que je ne m’imagine pas trop comment HYBE aurait pu l’accepter. Dans les messages interceptés on apprend que Min Hee-Jin a demandé à son équipe de plancher sur le sujet «Trouvez-moi des solutions pour qu’HYBE vende ses parts ». 

Mais comme Min Hee-Jin n’a pas les sommes nécessaires pour racheter ces 49%, les investisseurs entrent en jeu. Ils fournissent le capital pour racheter les parts. Min Hee-Jin prend ensuite la tête de la « nouvelle ADOR », dans une entreprise totalement indépendante de HYBE, et signe de nouveaux contrats avec les NewJeans.

 

Evidemment, Min Hee-Jin nie tout en bloc. « C’était une plaisanterie entre nous».

Si ce n’est la renégociation de ses pouvoirs, les revendications pour davantage de parts dans la société,  les contacts déjà pris avec les futurs investisseurs…

« -Mais non, dit-elle, je suis en permanence en contact avec beaucoup de gens ! » 

Cerise sur le gâteau, l’intervention de son avocate lors de la conférence de presse :

« C'est seulement lorsqu'un plan solide et détaillé est établi et peut être exécuté que cela devient un crime."

 Oui…         

Extrait de la conférence de presse:

J’en rajoute une dernière louche. On sent bien tout le ton larmoyant qui a fait pleurer les coréens, et m’a fait bondir, vous allez vite comprendre pourquoi.

Vous pouvez vous référer à l’article du Korea JoongAng Daily pour une transcription en anglais mot à mot de la conférence de presse de Min Hee-Jin le 23 avril. En voici un extrait savoureux :

«C’est cela qui ne va pas. Je ne peux pas parler de ce que je subis. La contradiction dans mon contrat, c’est que, dans les 20% que j’ai [..] il y a les 5% que je ne peux pas vendre. C’est comme un « slave contract »***. Je suis liée à HYBE pour l’éternité ». 

Son avocat intervient  « Ce que dit Madame Min pourrait être mal interprété».

Elle reprend : « J’ai un esprit entrepreneur. Mais je suis diplômée en art, je ne connais pas les termes des contrats. C’est compliqué. Alors, j’ai un ami investisseur en capital-risque. Je lui ai demandé pour les 5%. C’est comme ça que je me suis retrouvée en contact avec les avocats de Kim&Shim (Note : très grand cabinet d’avocats d’affaires coréen). Puis Hybe m’a dit que j’avais « fait appel à un consultant extérieur ». Mais de quoi aurais-je pu discuter avec un investisseur ? Je ne peux pas quitter Hybe, de toute façon. Ils me couperaient les vivres ! [..]"

L’avocat intervient : «Nous ne devrions pas discuter de cela ici.»  

Ces 5%, de quoi s’agit-il ?

Les avocats ont connu un grand moment de panique… Ces fameux 5%, on comprend que c’est le montant des actions qui ne lui appartiennent pas si elle vient à quitter ADOR, étant obligée de les rendre à HYBE. Tout un débat, apparemment, dans d’autres messages interceptés. C’est pourquoi, si j’ai bien compris, la solution retenue pour la prise de pouvoir est de conserver ADOR, et non de monter une autre entreprise pour récupérer les NewJeans.

Faut-il continuer encore longtemps ?

Ah, un dernier point : pour ceux qui trouvent indigne que le scandale éclate au beau milieu du comeback des NewJeans, manque de considération absolu souligné par Min Hee-Jin, apprenez que selon les mêmes documents, la campagne de presse visant à torpiller HYBE aurait dû démarrer en mai 2024. Vous comprendrez pourquoi cela ne pouvait pas attendre…


***Ah là, si vous me connaissez un peu... 😡😡je ne pouvais pas laisser passer ça. Voir en deuxième partie.

Perplexité...

Aujourd’hui le combat de Min Hee-jin est bel et bien perdu. Si le plan était de partir la tête haute avec les filles sous le bras, il est tombé à l’eau.

Avec les accusations qui pèsent désormais sur elle, il est à peu près certain que HYBE fera tout pour provoquer son départ, et la destituera en conseil d’administration. Que reste-t-il aujourd’hui dans ses objectifs ?

Pas grand-chose d’autre que de tenter d’obtenir la clémence des juges, puisqu’un procès s’annonce visiblement. Ayant été jusqu’à rappeler son état dépressif depuis des années, elle court maintenant le risque d’être tout simplement déclarée inapte à tenir son poste.

 

Malheureusement, une part du grand public ne comprend toujours pas.

D’autant que la Corée associe historiquement la notion de richesse et de réussite sociale à la corruption, l’injustice, voire l’incompétence. En Corée, soyez pauvre si vous souhaitez rester à l’abri des critiques et conserver votre honorabilité. Si vous êtes riche et puissant, il y aura forcément une injustice quelque part, un vice caché… Bang Si-Hyuk n’est critiqué que depuis que sa petite entreprise a viré au conglomérat.

C’est ainsi que Min Hee-Jin, la pro du marketing, réussit encore à toucher l’opinion coréenne aujourd’hui, sensible à l’humilité du polo vert (comment peut-on tomber dans un panneau aussi gros que celui-là ?), au langage  familier, aux sous-entendus d’oppression sur un lieu de travail, à la prétendue « maternité » du groupe, parvenant à faire oublier que sa carrière a au contraire mangé toute sa vie privée. Tout cela n’est pas une question d’argent, n’est-ce pas… elle l’a répété vingt fois, ça doit être vrai !

Comme l'ont remarqué les internautes, le polo vert de Min Hee-Jin, larmoyante en conférence de presse, arboré le lendemain par Minji, des NewJeans, pour assurer dans l'oeil du public l'identification de la productrice avec le jeune groupe.

Ce n'est pas du marketing de pro, ça ?

Enfin, que croyez-vous ? Que les photos ont été prises dans la nuit du 25 au 26 avril ? 


MAUVAISE POSTURE

Comme par hasard, des révélations sur les agissements de HYBE pleuvent dru ces dernières semaines, plus farfelues les unes que les autres…

Et le cours de bourse de HYBE s’effondrent.

En fait, au-delà de l’avenir du groupe NewJeans, c’est aussi un très récent faux pas de Bang Si-Hyuk et de son CEO Park Ji-won qui inquiète les actionnaires : composé d’un grand nombre de labels indépendants les uns des autres, HYBE a lancé en mars 2024, sous le label BELIFT, le groupe ILLIT, concurrent direct de NewJeans. La similitude entre les deux groupes féminins est tellement flagrante que la contester n’est même pas un argument envisageable.

Evidemment, Bang Si Hyuk n’est plus du tout, mais vraiment plus du tout, enclin à prendre à nouveau le risque de miser toute son entreprise sur un unique groupe à succès.

Mais la décision reste surprenante. Peut-on souhaiter se tirer une balle dans le pied en se faisant soi-même concurrence ? La structure de HYBE et de ses nombreuses filiales indépendantes est perçue par les actionnaires comme le point faible du géant. Ou était-ce volontaire ? Si oui, il devient difficile de nier que l’avenir de NewJeans n’a jamais vraiment été la priorité de HYBE, un argument-phare de Min Hee-Jin.

Mais il ne semble pas pour autant que la structure du groupe rende la vie impossible à ses producteurs, qui savent très bien qu’ils sont en concurrence les uns avec les autres. Min Hee-Jin est la seule à s’en plaindre aujourd’hui.

HYBE a hâte d’en finir. Dans un récent communiqué de presse, tout l’arsenal juridique du groupe est déployé. Enfin, pas totalement déployé à ce jour, comme le remarquent les spécialistes, mais le déroulement en est déjà parfaitement orchestré, c’est certain.

Voilà pour l’état des lieux, au 5 mai 2024.


Si vous êtes toujours partants, un debriefing en deuxième partie (slave contract, avenir des NewJeans, point de vue des fans...) c'est par ici =>

Crédits images

Header  - extrait de la vidéo musicale "Attention" de NewJeans - ADOR 

Photos: matériel promotionnel HYBE, ADOR et NewJeans 

Screenshots : Seoulite TV,  X, TikTok

Footer : Collections du Musée du Quai Branly, Paris - Photographie : Marianne Weller